Apple Intelligence : Innovation ou flop total ?

Dès juin 2023, Apple a commencé à explorer comment intégrer ChatGPT dans ses appareils, et maintenant, Apple Intelligence est là.

Ce système d’IA est conçu pour améliorer les systèmes d’exploitation d’Apple : iPad, MacBook, iPhone, et plus encore.

Apple ne pouvait pas ignorer la vague d’IA générative qui domine Google, Facebook et Nvidia.

Même s’il n’est disponible qu’en anglais, et lancé à l’automne 2024, Apple Intelligence proposera des outils intégrés de manière fluide dans les applications pour une fonctionnalité ultra-personnalisée.

Dans cet article, je partagerai mon opinion sur l’analyse des nouvelles fonctionnalités d’IA d’Apple et ses difficultés avec les modèles génératifs.

Aussi, un regard plus approfondi sur la manière dont l’approche prioritaire d’Apple en matière de confidentialité pourrait la freiner.

Apple redéfinit l’IA : l’apprentissage automatique devient Apple Intelligence

Apple s’est longtemps abstenu d’utiliser le terme « IA » (intelligence artificielle), préférant « apprentissage automatique » et « algorithme ».

Mais avec Apple Intelligence, ils ont repris le terme et l’ont “rebrandé” comme une fonctionnalité distincte de leur écosystème.

Ce mouvement symbolise leur engagement à créer une technologie d’IA avancée mais centrée sur l’utilisateur.

Apple Intelligence introduit les outils d’écriture, qui centralisent toutes les fonctionnalités d’un modèle de langage (LLM).

Avec un simple clic droit, les utilisateurs peuvent accéder à des fonctionnalités avancées comme des résumés de texte ou des ajustements de style.

Cette intégration offre une nouvelle manière d’interagir avec les appareils Apple en prédisant les actions de l’utilisateur pour une expérience plus naturelle.

Apple Intelligence se concentre sur la simplification de votre vie.

Exemples :

• Gestion intelligente des e-mails : mise en évidence des messages prioritaires.

• Reconnaissance vocale : transcription des appels vocaux en temps réel.

• Extraction de données de photo : remplissage automatique de formulaires à partir des données de passeport extraites des photos.

Ces fonctionnalités visent à réduire la charge cognitive, permettant aux utilisateurs de s’appuyer sur l’IA pour les tâches du quotidien.

Côté visuel, Apple utilise des modèles de diffusion comme DALL-E 3 ou MidJourney pour créer des images, transformant des croquis en visuels raffinés pour des présentations.

De plus, les utilisateurs peuvent générer des emojis uniques à l’aide des outils créatifs d’Apple Intelligence.

Mais pour l’instant, le système ne dispose pas encore de capacités d’action intuitive (par ex. : publier la dernière photo sur Instagram via une simple commande vocale).
Cela pourrait arriver dans de futures mises à jour.

L’évolution de Siri : traitement du langage naturel sensible au contexte

Depuis son lancement en 2011, Siri a enthousiasmé les utilisateurs mais a pris du retard alors que des assistants virtuels réalistes comme ChatGPT gagnaient en popularité.
Apple promet maintenant un Siri repensé, capable de :

• Comprendre le langage naturel dans son contexte.

• Analyser les informations de l’utilisateur (par ex. : retrouver l’heure de vol de votre mère à partir d’un e-mail).

• D’ici 2025, lire l’écran de votre iPhone en temps réel.

Ce bond technologique soulève des préoccupations dystopiques pour une entreprise historiquement associée à une forte sécurité des données, vu la profondeur des données personnelles que Siri devra traiter.

Apple Intelligence fonctionne en local, grâce à la puissance des puces de la série M, à partir de l’iPhone 15 Pro.

Cependant, si le traitement sur l’appareil échoue, le système Private Cloud Compute d’Apple, un système hors appareil, traite les tâches sensibles.

Bien que Greg Joswiak d’Apple assure que les données ne seront pas stockées, c’est la première fois qu’Apple transmet autant de données personnelles sensibles hors de l’appareil.

SLMs : l’approche d’Apple pour un apprentissage automatique compact

En avril 2024, Apple a publié des recherches sur les Small Language Models (SLMs) — un changement par rapport aux LLMs traditionnels.

Ces petits modèles s’inscrivent dans la tendance du Tiny ML, qui privilégie un traitement efficace sur l’appareil pour les appareils à faible consommation.

Samsung utilise une technologie similaire.

Bien qu’Apple ait présenté son modèle Open ELM dans l’article, il est peu probable que ce modèle plus lent et à peine amélioré ait été intégré dans Apple Intelligence.

Pour mieux comprendre : clique ici

Le véritable défi à venir

Bien qu’Apple Intelligence ait un immense potentiel, des défis subsistent pour offrir une efficacité et une précision révolutionnaires.
La capacité d’Apple à surmonter ces obstacles déterminera l’impact de ce système d’IA pour les utilisateurs à l’échelle mondiale.

Deux raisons principales expliquent pourquoi Apple ne développe pas de modèles d’IA conversationnelle gratuits.

1. C’est trop risqué pour leur image de marque.
   On a vu comment des captures d’écran sorties de leur contexte ont causé des controverses pour d’autres entreprises, comme Google.

2. Apple ne peut pas créer de modèles d’IA générative très avancés, et voici pourquoi.

La demande croissante des utilisateurs pour une interaction avec l’IA est liée aux promesses initiales de Siri et à la vision de Steve Jobs.

Cependant, les controverses autour des modèles d’IA conversationnelle rendent cela risqué pour Apple.

Pour éviter ces risques, Apple a choisi d’intégrer ChatGPT à la place.
Siri peut désormais recommander d’envoyer votre demande, et toutes les données personnelles nécessaires à ChatGPT pour traitement.

Les forces et les limites de l’IA d’Apple

Apple a fait progresser son IA dans des domaines spécialisés, comme la reconnaissance d’images.
La capacité de l’application Photos à interpréter des images est remarquable, utilisant des ensembles de données open source pour entraîner ses modèles.

Cependant, le souci de confidentialité des utilisateurs empêche Apple de développer des LLMs conversationnels, un processus qui nécessite d’énormes bases de données personnelles.

Depuis près de 20 ans, Apple s’est bâti une réputation en ne collectant ni ne stockant les données des utilisateurs.

Bien que cette approche priorisant la confidentialité distingue Apple, elle constitue un frein au développement de l’IA générative avancée.
Contrairement à Google, qui a accès à d’immenses quantités de données utilisateurs, Apple n’a pas la base de messages, images, audios et vidéos nécessaire pour entraîner des LLMs sophistiqués.

Déléguer à ChatGPT est une victoire stratégique pour OpenAI

En connectant Siri à ChatGPT, Apple reconnaît son incapacité (ou son refus) de rivaliser dans le développement de modèles d’IA générative indépendants.

À la place, Apple Intelligence s’appuie sur ChatGPT pour proposer des solutions.
Spéculativement, Apple pourrait même utiliser des poids de modèles réduits de GPT-4 ou DALL·E 3 via OpenAI pour alimenter ses systèmes.

Ce partenariat soulève des préoccupations sur la dépendance d’Apple à OpenAI et le risque potentiel de compromis sur les données utilisateurs.

Dans cette collaboration, OpenAI bénéficie énormément.

Avec un accès potentiel à 2 milliards d’appareils Apple actifs à l’avenir, OpenAI a sécurisé une visibilité à vie, créant de fait une plateforme marketing inégalée.

Comme l’a mentionné Craig Federighi lors du keynote, les utilisateurs Apple pourront bientôt accéder aux fonctionnalités premium d’OpenAI, orientant subtilement les utilisateurs vers des abonnements payants pour accéder aux fonctions avancées.

Le dilemme d’Apple : une défaite stratégique ?

Apple offre à ses utilisateurs un assistant personnel puissant dans leur poche tout en concédant son incapacité à rivaliser avec d’autres géants de l’IA générative.
Ce résultat découle de son fondement même : la protection de la vie privée des utilisateurs.
Cependant, Apple a laissé une porte ouverte en autorisant d’autres LLMs à fonctionner sur iPhone, rappelant à OpenAI sa dépendance à l’écosystème Apple.

Il est peu probable que Sam Altman, PDG d’OpenAI, s’inquiète : la popularité et la performance de ChatGPT dépassent largement celles de ses concurrents, Gemini et Llama.
Le partenariat renforce la domination d’OpenAI tout en alimentant les spéculations sur la stratégie IA à long terme d’Apple.

Bref… la course pour créer de petits assistants IA bat son plein.

Mais le futur pourrait-il inclure des appareils IA plus grands, plus avancés, peut-être même un robot Apple ?
Seul l’avenir nous le dira, alors que ces deux géants de la tech continuent de façonner le paysage de l’intelligence artificielle !